Si nous portons notre regard sur l'organisme humain, nous rencontrons trois systèmes juxtaposés dont chacun agit avec une certaine indépendance, obéissant à des modes de fonctionnement qui leurs sont propres :
− Le système neurosensoriel (vie nerveuse et des sens) essentiellement localisé dans la tête. − Le système rythmique qui comprend la respiration et la circulation sanguine. − Le système métabolique qui comprend les organes de la nutrition, de l'assimilation et du mouvement.
Nous pouvons remarquer qu'une bonne coordination de l'activité autonome de ces trois systèmes assure la santé à l'organisme.
Si nous observons maintenant l'ensemble de la vie sociale, nous pouvons constater que celle-ci est « organiquement » formée de trois sphères d'activité interdépendantes mais qui obéissent néanmoins à leurs propres lois. On peut parler d' « organisme social ». Attention, le but de la comparaison avec le corps humain n'est pas de transposer à la vie sociale une vérité conforme aux lois de la nature mais à ressentir ce qui est viable en observant l'organisme humain et de l'appliquer ensuite à la société humaine.
Nous pouvons caractériser ces trois parties comme suit :
− La vie économique : elle concerne la production, la circulation et la consommation des biens et services.
− La vie juridique-politique : Il s'agit du domaine du droit, de la vie de l'État.
− La vie culturelle (ou spirituelle) : il s'agit de la vie culturelle dans tous ses aspects : activité scientifique, littéraire et artistique, activité religieuse, l'éducation, ... À partir de cette distinction entre les trois parties de l'organisme social, Rudolf Steiner s'interroge sur les domaines propres d'application des trois termes de la devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité.
Les hommes qui ont exigé (à la fin du 18ème siècle et ensuite) la réalisation des trois idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité pouvaient ressentir obscurément ces forces évolutives de l'humanité nouvelle mais ne pouvaient en même temps surmonter leur croyance à l'État unitaire (caractérisé par une centralisation au sein d'une même structure des trois domaines d'activités vu plus haut) au sein duquel ces trois impulsions ne peuvent entrer qu'en contradiction.
Il s'agit de reconnaître que ces trois principes de la révolution sont antinomiques entre eux si on tente de les appliquer dans tous les domaines de la vie. La lecture de l'histoire conduit à constater que c'est presque toujours l'empiétement d'un domaine sur les autres, ou l'application d'un principe non adéquat à une partie de la vie sociale, qui est responsable des conflits, voire du chaos.
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